Un vivant sourire
En communauté, Elisabeth frappait par son recueillement profond, traduisant sa communion avec Dieu qu’elle voyait en « tout événement, toute rencontre » mais elle était d’autant plus ouverte aux autres, traduisant au-dehors ce qu’elle vivait au-dedans d’oubli de soi pour se laisser emporter par le courant d’Amour circulant au sein de la Trinité.
Parmi ses sœurs, Elisabeth ne pense qu’à s’oublier pour faire plaisir, à se mettre à leur disposition avec délicatesse :
"Elle vous remplissait de joie rien que dans la manière de donner une lettre. Elle vous réjouissait sans faire de longues phrases. Elle donnait mille fois en une fois. Pour elle rien n’était banal. Elle mettait quelque chose de grand en tout. Et c’était pour cela qu’elle donnait tant.""Elle était un vrai trésor en communauté, un de ces sujets auxquels on peut demander tous les services, avec l’assurance de lui faire plaisir.""Je ne me rappelle pas l’avoir vue un seul jour moins aimable, moins gracieuse ou dévouée."
Les tâches quotidiennes à accomplir sont l’occasion de multiples relations et Elisabeth excelle pour se venir en aide, se plier aux manières des autres, toujours avec simplicité et bienveillance. Elle écrit par exemple un billet au sujet du raccommodage des habits :
"Vous regarderez ce que j’ai imaginé pour un devant trop étroit. Si vous trouvez l’idée mauvaise, vous m’en donnerez une meilleure… "
On se rappelle en particulier son attitude envers les sœurs plus âgées qui, sans trop d’égards, avaient tendance à abuser de la bonne volonté de la jeune sœur, la submergeant de mille requêtes. Elisabeth leur réservait : « toutes les délicatesses de la charité, toutes les prévenances qui rendent la vie religieuse aimable, facile. »
Elle sait aussi s’y prendre avec humour. Comme il n’y a pas d’eau courante à l’étage, il faut chaque jour aller en chercher au sous-sol. Un jour elle renverse par mégarde quelques gouttes dans l’escalier dont l’entretien est confié à sœur Marie de Saint-Bernard. Celle-ci montre son agacement un peu vivement mais au bout d’un moment, se rendant compte de la disproportion de sa réaction elle s’approche d’Elisabeth et lui dit : « Toujours camarade ? » A quoi la fille de militaire riposte gaiement : « Camarade ? Toujours ! » Et la paix fut rétablie.
"J’atteste l’avoir vue également aimable avec toutes ses sœurs, sans qu’on puisse jamais remarquer ses préférences ou ses sympathies, si bien que chacune pouvait se croire la plus aimée. ""Elle n’a jamais blessé qui que ce soit. Quand elle arrivait en récréation, c’est curieux comme elle disait à chacune le mot qu’elle savait lui faire plaisir."
"Je ne l’ai jamais entendue dire une parole contraire à la charité.""Elle était pondérée mais sans rien de guindé, ni de distant, bien au contraire ; elle était toute simple.""Jamais elle n’a porté ombrage ni excité la jalousie malgré sa facilité exceptionnelle pour la prière, parce qu’elle s’effaçait toujours devant les autres."
Sœur Agnès de Jésus Maria se souvient :
"Cette certitude de l'amour de Dieu irradiait toute sa vie, elle voyait tout à cette lumière. Cette foi en l'amour de Dieu transpirait dans toutes ses conversations, dans sa correspondance."
C’est bien le secret sur lequel elle a fondé sa vie, qu’Elisabeth résumait elle-même quand on l’interrogeait : « Je L’aime et en L’aimant je me transforme en Lui. »