Un dur apprentissage
Purification dans la nuit
Si les quatre mois de son postulat se sont passés dans la joie et la lumière, l'année du noviciat est d'autant plus dure et pénible. L'oraison est devenue aride, Elisabeth est régulièrement angoissée par des scrupules dus en partie à son désir de faire tout à la perfection, sa santé vacille un peu, sa sensibilité (le trait dominant de son caractère) vibre douloureusement.
Comme l'écrit Mère Germaine :
Témoignage de Mère Germaine
Elisabeth a bien voulu de son plein gré cette vie de silence et de prière au Carmel, elle l’a désirée avec ardeur mais autre chose est d’être « carmélite au-dedans » lorsqu’elle devait encore vivre « au milieu du monde » et de l’être pour de bon dans l’austérité, le froid, l’absence d’une mère tant aimée ont elle avait été peu séparée, le renoncement à son piano… Tout cela, elle l’a bien donné de tout cœur à Jésus et rien ne lui reste de sa vie si variée avec les voyages, les soirées, les visites, le succès, les louanges mondaines et l’ambiance agréable d’une maison bourgeoise. Alors, rien d’étonnant qu’elle en subisse le contre coup pyschologique : elle va devoir devenir carmélite.
La joie de l'épreuve
Se plaindre n'est pas dans la nature d’Elisabeth. Rien ne trahit sa souffrance dans ses lettres à sa famille et à ses amies.
"Avec Jésus on se met à tout, on trouve tout charmant, et rien n'est difficile et ennuyeux. Oh ! qu'il fait bon au Carmel, c'est le meilleur pays du monde et je puis dire que je suis heureuse comme le poisson dans l'eau."Lettre 108, à ses tantes Rolland
"Ah ! ce Carmel, ce seul à seul avec Celui qu'on aime, si tu savais ce que c'est bon ! Oui, c'est un Ciel anticipé."Lettre 109, à sa soeur
Avec simplicité et humilité Elisabeth s’ouvre de ses difficultés à Mère Germaine qui lui apprend à poser un regard de foi sur toute épreuve et la guide sur la voie de la confiance en l’amour miséricordieux du Père.
Sa novice réagit avec la générosité sans bornes qu’on pouvait attendre d’elle et rallume toute sa flamme devant le Christ en croix :
Lettre 133
De plus, dans ses relations avec ses sœurs, après ce long bain d’impuissance, la jeune contemplative si douée est devenue vraiment humble, toute petite à ses propres yeux. Mère Germaine l’explique :
"Ayant triomphé de toutes les difficultés par les efforts de sa volonté comme par ses grâces d'oraison, elle s'étonnait parfois de pressentir certains états moins délivrés, et sans en avoir conscience, elle aurait pu prendre en elle-même quelque secrète complaisance ou se laisser aller à quelque sévérité de jugement. A l'école de l'épreuve, soeur Elisabeth devait acquérir plus rapidement cette connaissance de soi-même qui n'est pas moins la base que la perfection de l'humilité."Témoignage de Mère Germaine
Au terme de cette année, Elisabeth est vraiment sœur parmi ses sœurs, et prête à s’engager pour toujours par la profession religieuse.