Premiers déchirements
Un grand-père très proche et un papa très aimé
A deux ans Elisabeth avait perdu sa grand-mère maternelle, Anne-Marguerite Rolland. L'année 1887 va se révéler rude pour la famille Catez. Le 24 janvier, le grand-père maternel, Raymond Rolland, décède au foyer familial où il était venu s'installer.
Huit mois après, son papa, le fier capitaine, brusquement terrassé par une crise cardiaque, meurt dans les bras de l'enfant le 2 octobre. Quel bouleversement cette mort si soudaine provoqua-t-elle chez cette enfant de 7 ans ? Il fut assurément extrêmement profond comme le montre la poésie qu'Elisabeth écrit dix ans plus tard, au jour anniversaire, le 2 octobre 1897, se rappelant l'événement tragique :
"O père, il y a dix annéesTe frappait la cruelle mort !
Tu laissais ta veuve éplorée,
Tes enfants si jeunes encor ;
Et ton âme quittait la terre,
Le lieu d'exil et de misères,
Pour retourner au sein de Dieu
Dans la belle cité des Cieux.
C'est dans mes faibles bras d'enfant,
Ces bras qui te caressaient tant
Que dura ta courte agonie,
Le dernier combat de la vie !
Et j'essayais de retenir
Ce dernier, ce si long soupir !...
Protecteur de mon enfance,
Qui sus veiller avec constance
Sur tes chers petits enfants,
Je te promets bien que les ans
N'effaceront de ma mémoire
Le souvenir d'un père aimé
Qui par Jésus fut appelé,
Bien jeune, à l'éternelle gloire."
Poésie 37
Nouveau déménagement
Devant compter avec des moyens de subsister plus réduits, madame Catez déménage avec ses deux filles - toujours à Dijon - rue Prieur de la Côte d'Or. La maison est aujourd'hui disparue. La vie reprend peu à peu, et les colères aussi... Elisabeth essaye de se dominer pour faire plaisir à ses proches, comme elle l'écrit dans sa lettre de voeux du 1er janvier 1889 :
"Ma chère petite Mère,Je voudrais en te souhaitant une bonne année te promettre que je serai bien sage, bien obéissante et que je ne te ferai plus mettre en colère, que je ne pleurerai plus et que je serai un petit modèle afin de te faire bien plaisir, mais tu ne me croiras pas. Je ferai tout mon possible pour tenir mes promesses pour que je n'aie pas dit un mensonge dans ma lettre comme j'en dis quelquefois. J'avais dans la tête une lettre longue, longue, puis je ne sais plus rien ! Tu verras tout de même que je serai bien sage.
Je t'embrasse, chère petite mère."
Lettre 4
Sa maman lui parle de Dieu et elle commence à aller au catéchisme, alors son coeur droit et profond est touché et elle s'applique à défendre son prochain contre ses caprices, à s'oublier pour faire plaisir aux autres et à Jésus sur qui elle veut s'appuyer pour vaincre son terrible caractère.
"J'aimais beaucoup la prière, et tellement le bon Dieu, que même avant ma première communion, je ne comprenais pas qu'on pût donner son cœur à un autre ; et, dès lors, j'étais résolue à n'aimer que Lui et à ne vivre que pour Lui."