Première communion
Maison de Dieu
« Je n’ai pas faim. Jésus m’a nourrie. » C’est la première parole d’Elisabeth sortant de l’église Saint-Michel après sa première communion. Son amie la plus chère, Marie-Louise Hallo, témoignera : « Elle se préparait si bien à ce grand jour, luttant contre sa vivacité avec une volonté énergique ». Mais la volonté énergique a ses limites et la réussite n’est pas toujours au rendez-vous… Sabeth avait pourtant promis à sa maman :
"Maintenant que je suis plus grande je vais devenir une petite fille douce, patiente, obéissante, appliquée et ne se mettant jamais en colère … et comme j'espère que j'aurai bientôt le bonheur de faire ma première communion, je serai encore plus sage…"Lettre 5
Eh bien, ce que les meilleures résolutions n’avaient pu obtenir pleinement, c’est le DON de l’Eucharistie qui le réalise ce 19 avril 1891, en un instant de grâce et de joie qui la marque pour toute la vie. « A partir de ce jour, plus jamais de colère ! » écrit sa maman. Des années plus tard Elisabeth éprouvera le besoin d’évoquer cette grâce dans un long poème :
"Depuis ce colloque mystérieuxCet entretien divin, délicieux,
Je n'aspirais qu'à donner ma vie
Qu'à rendre un peu de son grand amour
Au Bien-Aimé de l'Eucharistie
Qui reposait en mon faible cœur..."
Journal 47
Il ne s’agit donc pas d’une émotion passagère mais d’une véritable transformation spirituelle, une conversion qui n’a pas été acquise à la force du poignet, mais accordée comme un don gratuit dans une expérience intérieure : rencontre intense avec Jésus vivant, présent en son cœur, dialogue d’amour, don réciproque, où le Bien-aimé prend possession de son cœur et où elle-même n’aspire qu’à lui donner sa vie…
On peut dire que c’est une nouvelle vie qui commence. Une vie habitée… L’après-midi de ce 19 avril elle fait une visite au Carmel et mère Marie de Jésus, lui apprend que son nom d’Elisabeth signifie « Maison de Dieu » (selon une étymologie fautive mais communément admise à l’époque). Puis elle lui offre une petite image au verso de laquelle elle a écrit ces mots : « Ton nom béni cache un mystère / qui s’accomplit en ce beau jour. / Enfant, ton coeur est sur la terre, / Maison de Dieu / Du Dieu d’amour ».
Communier, adorer…
Jésus demeure toujours en son cœur, mais la communion est un moment privilégié pour l’accueillir chaque fois plus profondément, s’entretenir avec lui, s’offrir avec toujours plus de générosité… Deux mois après sa première communion elle reçoit en l’église Notre-Dame le sacrement de confirmation. « A partir de ce moment, raconte Marie-Louise Hallo, la piété d’Elisabeth s’accrut davantage, elle communiait souvent et versait d’abondantes larmes après.» En fait, pendant des années, il ne lui fut permis de communier qu’une fois ou deux fois par semaine.
Sa mère s’alarme d’une piété trop intense, mais Elisabeth sent grandir en elle la faim de cet Ami qui la nourrit et la fortifie merveilleusement. Jésus est de plus en plus le « Bien-Aimé de l'Eucharistie ». Si elle ne peut communier aussi souvent qu’elle voudrait, elle peut du moins visiter ce Bien-Aimé et l’adorer. Elle n’a pas encore quinze ans quand elle compose ce court poème :
" Auprès de Jésus-HostieJe voudrais passer ma vie.
Reposer près de son Coeur
Fait ici-bas mon bonheur."