« Je vais à la Lumière, à l’amour, à la Vie ! »
Identifiée au Christ
Après avoir renouvelé ses vœux avec la communauté le 21 novembre 1904, Elisabeth, dans le silence de sa petite cellule, éprouve le besoin d’écrire une ardente Prière à la Trinité. Elle l’écrit pour elle seule, comme un besoin et un jaillissement de son cœur. En fait, il s’agit pour elle d’une offrande au Dieu Père tout Amour, au Christ Crucifié par amour, et à l'Esprit d’amour, Feu consumant qui fera de sa vie « une humanité de surcroît en laquelle le Verbe renouvelle tout son mystère ».
Ce mystère s’accomplira dans sa chair même. A partir de 1905 Elisabeth est peu à peu écrasée par une fatigue dont on ne saisit pas la cause. On lui accorde des dispenses, des repos, on consulte plusieurs médecins, mais elle s’affaiblit de plus en plus. Loin d’en être accablée, elle y voit une réponse à son désir d’être identifiée au Christ comme elle l’a demandé dans sa Prière. Si « le grand saint Paul », lui avait découvert son nom nouveau de « Louange de gloire », elle y apporte maintenant une nuance nouvelle. Au Chanoine Angles, elle exprime le désir d’être consacrée comme « hostie de louange à la gloire de Dieu » :
"Le bonheur de mon Maître suffit pour faire le mien, et je me livre à Lui pour qu'Il fasse en moi tout ce qu'Il désire. Puisque vous êtes son prêtre, oh, consacrez-moi à Lui comme une petite hostie de louange qui veut le glorifier, au Ciel, ou sur la terre dans la souffrance tant qu'Il voudra."
Lettre 294, au chanoine Angles
La maladie d'Addison, alors incurable, la ronge inexorablement. Au milieu de grandes souffrances, elle avoue ses angoisses, mais ce qui domine, c'est son bonheur de « communier effectivement à la Passion de son Maître » et de s'offrir avec lui pour tous.
Le Ciel, la maison du Père
En août 1906, elle écrit deux Retraites, l'une pour sa sœur Guite, l’autre à la demande de sa prieure. Parvenue au seuil de l'éternité d'amour, elle reste en profonde communion avec ses sœurs du Carmel, sa famille, ses amis. Pour chacun elle est pleine d'attention et de reconnaissance, confiant ainsi son secret :
"Mon Antoinette aimée, je vous laisse ma foi en la présence de Dieu, du Dieu tout Amour habitant en nos âmes. Je vous le confie : c'est cette intimité avec Lui 'au-dedans' qui a été le beau soleil irradiant ma vie, en faisant déjà comme un Ciel anticipé ; c'est ce qui me soutient aujourd'hui dans la souffrance. Je n'ai pas peur de ma faiblesse, c'est elle qui me donne confiance, car le Fort est en moi et sa vertu est toute-puissante ; elle opère, dit l'Apôtre, au-delà de ce que nous pouvons espérer."Lettre 333, à madame de Bobet
Au plus profond de la souffrance, Elisabeth demeure dans cette attitude de louange, d'émerveillement, d'action de grâce. Elle demeure l'Epouse qui partage tout, qui s'offre pour tous… « Epuise toute ma substance pour ta gloire. Qu'elle se distille goutte à goutte pour ton Eglise. » C’est le cri de son cœur : la gloire des Trois et l'Eglise du Christ !
Une sœur décrit ainsi ses derniers jours :
Une autre sœur témoigne : « Très musicienne, elle tenait sur son lit les mains comme sur un clavier… »
Ainsi même au cœur de la plus grande douleur la musique l’habitait toujours. Celle du Ciel voulait encore passer par ses mains de pianiste… Le 9 novembre 1906, elle s'en va « chanter au sein de l'Amour infini ».