Marie : mère lumineuse
La Vierge Marie a accompagné Elisabeth tout au long de sa vie, surtout sous l'aspect de l'Avent, de l'attente de Jésus qui vient pour que sa présence enrichisse notre vie et envahisse le monde. Elisabeth est toute tendue vers son Seigneur et a su se préparer durant deux longues années avant l'autorisation de sa maman pour son entrée au Carmel, puis pour sa profession et enfin pour le grand passage de la mort, la venue définitive du Seigneur. Marie est pour elle la mère et le modèle par son attitude intérieure toute de silence et de recueillement.
Marie, tendre Mère
Toute jeune déjà Elisabeth perçoit la présence de Marie comme protectrice et bienfaisante :
« Marie, ô tendre Mère,
Je me mets sous ta protection.
Ecoute ma prière
Et bénis mes résolutions. »
Poésie 1, mai 1894
Adolescente, elle se consacre à la Vierge dans une attitude filiale de confiance et de tendresse et lui confie sa pureté, son voeu de virginité :
« A chaque fête de Marie, je renouvelle ma consécration à cette bonne Mère. Aujourd'hui donc je me suis confiée à elle, et de nouveau je me suis jetée dans ses bras, Avec la plus entière confiance, je lui ai recommandé mon avenir, ma vocation. »
Journal 2, février 1899
« C'est avec bonheur que je renouvelle mon voeu de chasteté qui semble m'unir encore plus intimement à toi... Marie, ma bonne Mère, ô Notre-Dame du Mont-Carmel, offrez-moi, donnez-moi à Jésus. »
Note intime 7, juillet 1900
Marie, Vierge fidèle
Le désir d'Elisabeth de laisser Jésus vivre en elle s'épanouit de plus en plus. En entrant au Carmel, elle choisit une vie cachée en Dieu et vit dans le recueillement par un regard intérieur sur Dieu. Comme Marie qui conserve tout en son coeur, elle préfère le silence pour accueillir au plus profond le don d'amour de Dieu.
« "Si tu savais le don de Dieu..." Il est une créature qui connut ce don de Dieu, une créature qui n'en perdit pas une parcelle, une créature qui fut si pure, si lumineuse, qu'elle semble être la Lumière elle-même. Une créature dont la vie fut si simple, si perdue en Dieu que l'on ne peut presque rien en dire. C'est la Vierge fidèle, "celle qui gardait toutes choses en son coeur" ... Il me semble que l'attitude de la Vierge durant les mois qui s'écoulèrent entre l'Annonciation et la Nativité est le modèle des âmes intérieures, des êtres que Dieu a choisis pour vivre au-dedans, au fond de l'abîme sans fond. Dans quelle paix, dans quel recueillement Marie se rendait et se prêtait à toutes choses ! Comme celles qui étaient les plus banales étaient divinisées par elle ! Car à travers tout la Vierge restait l'adorante du don de Dieu »
Le Ciel dans la Foi 39-40
Sa méditation de l'Avent et du rôle de Marie la prépare à aborder une autre étape : plus que l'imiter, elle se sent appelée à la même mission.
Marie, mère de l'Eglise
Dans une poésie écrite le 25 mai 1902 en la fête de la Sainte Trinité et de Notre-Dame de grâce, elle contemple la beauté intérieure de Marie, son entière disponibilité et comprend qu'elle reçoit la même vocation. Marie est toute lumineuse, elle veille continuellement dans la foi et reste toujours en communion avec Dieu.
« Dans un profond silence, une ineffable paix
Une oraison divine qui ne cessait jamais,
L'âme tout envahie des clartés éternelles
Se tenait nuit et jour Marie, Vierge fidèle.
Son coeur, comme un cristal, reflétait le divin,
L'Hôte qui l'habitait, la Beauté sans déclin.
Grande communiante, âme tout envahie,
Dans un recueillement, profond, mystérieux
Et la nuit et le jour se livrant à son Dieu »
Poésie 79
Marie, porte du Ciel
A la fin de sa vie, dans la souffrance et la faiblesse, Elisabeth se réfugie auprès de celle qui a su tenir debout au pied de la croix sans jamais faillir dans l'espérance. Elle lui demande d'être là auprès d'elle pour l'accompagner sur son chemin de douleur, de la garder forte dans la foi et de la préparer à revêtir l'habit de gloire.
« Oh ! jamais je ne l'ai tant aimée! Je pleure de joie en pensant que cette Créature toute sereine, toute lumineuse est ma Mère et je me réjouis de sa beauté comme un enfant qui aime sa mère ; j'ai un mouvement très fort vers elle, je l'ai rétablie Reine et Gardienne de mon ciel. »
Lettre 298, juillet 1906
« Et maintenant qu'Il est retourné au Père, qu'Il m'a substituée à sa place sur la Croix afin que "je souffre en mon corps ce qui manque à sa passion, pour son corps qui est l'Eglise", la Vierge est encore là pour m'apprendre à souffrir comme Lui, pour me dire, pour me faire entendre ces derniers chants de son âme que nul autre qu'elle, sa Mère, n'a pu surprendre. »
Dernière Retraite 41
« C'est elle, l'Immaculée, qui m'a donné l'habit du Carmel et je lui demande de me revêtir de cette "robe de fin lin" dont l'épouse se pare pour se rendre au souper des noces de l'Agneau. »