Elisabeth et Notre Dame de Lourdes
Le 11 février l’Eglise fête Notre Dame de Lourdes, en l’anniversaire de la première apparition à Bernadette en 1858. Quarante ans plus tard, les pèlerins sont déjà nombreux à se rendre à la grotte et Elisabeth fera plusieurs fois partie de ces priants qui viennent s’en remettre à la Vierge Marie.
Pèlerinages de jeunesse
Fin avril 1894, elle parle d’un "grand Rosaire bleu rapporté de mon pèlerinage à Lourdes".
En octobre 1896, elle écrit à son institutrice qu’elle priera bien pour elle à Lourdes.
En juillet 1898, elle écrit à plusieurs amies, les assurant son intercession pour elles auprès de Marie.
« En quittant Tarbes, nous avons été à Lourdes, ce coin du ciel où nous avons passé trois jours délicieux comme on ne peut en passer que là ; j’ai bien pensé à vous au pied de la grotte ; ah ! si vous saviez quels bons moments on y passe, et comme on est ému ! Il n’y avait pas de grands pèlerinages, nous avons pu communier à la grotte, j’aime Lourdes avec ce calme. »
Lettre 15, 25 juillet 1898
Une amie témoigne : "La grande dévotion à la Sainte Vierge lui avait rendu très chers les divers pèlerinages qu’elle fit à Lourdes, et c’est en l’écoutant m’en parler avec tant d’ardeur que j’eus le désir d’y aller aussi. Elisabeth avait une grande dévotion envers la Sainte Vierge. Son bonheur était d'aller à Lourdes où les grandes vacances la ramenaient souvent".
Elisabeth se rend donc à la grotte pour confier à la Vierge ceux qu’elle aime, mais aussi pour lui demander son aide dans ces longues années d’attente avant son entrée au Carmel. En 1898, sa mère ne lui a toujours pas donné son accord et ce refus est source de tensions avec Elisabeth.
La même amie poursuit : "Sa piété envers la Sainte Vierge était très filiale. Elle alla plusieurs fois à Lourdes mettre sa vocation sous la protection de Marie Immaculée et chaque fois qu'elle avait une difficulté elle priait beaucoup la Sainte Vierge".
Trois poésies datent de cette année 1898. La première, en mai, évoque le futur voyage :
« O roches bénies de Massabielle,
Où Marie apparut pure et belle,
Cet été je vais donc vous revoir,
O joie, ô bonheur, ô doux espoir ! »
Poésie 53
La deuxième est écrite sur place, le 22 juillet, et chante son bonheur et sa paix :
« O grotte solitaire et bénie
Où j’aime tant contempler Marie,
Où tout est pur, calme, silencieux.
O Lourdes, terre miraculeuse,
Avant-goût du séjour éternel,
N’es-tu pas un petit coin du Ciel
Au milieu de la vallée ombreuse ? »
Poésie 59
La dernière, du 8 décembre, est plus douloureuse. Elisabeth aimerait tant entrer au plus vite au Carmel et se confie à Marie pour qu’elle la prépare à travers la souffrance de cette attente et l’aide à accepter la volonté de Dieu :
« Oh, t’en souvient-il, cet été,
A cette grotte mystérieuse
Toujours recueillie et si pieuse
Je te confiais ma pureté !
Je te disais : garde mon cœur,
Façonne-le pour le Sauveur,
Epure-le par la souffrance,
Vierge en qui je mets ma confiance. »
Poésie 65
Elisabeth se rend une dernière fois en ce lieu béni en juillet 1900 pour ses adieux, avant son entrée au Carmel l’année suivante.
Mère Germaine raconte dans les Souvenirs : "Deux jours passés à Lourdes lui procurèrent d'ineffables consolations ; elle eut le bonheur de faire la sainte communion à la Grotte, dont elle ne pouvait s'arracher. La Vierge Immaculée, pour qui Elisabeth avait une dévotion si tendre et si filiale, l'attirait spécialement dans son mystère de pureté. Que de grâces et d'impressions célestes son âme avait déjà reçues aux roches de Massabielle, si souvent visitées par la pieuse enfant pendant les séjours de sa famille dans les Pyrénées ! Cette année, elle venait une dernière fois supplier l'Etoile des mers de la conduire enfin au port".
Au Carmel
L’amour d’Elisabeth pour la Marie s’intensifie et s’approfondit. Elle retrouve la Vierge de Lourdes d’une manière toute particulière au moment de sa maladie : "Se souvenant d'une Vierge de Lourdes auprès de laquelle, jeune fille, elle avait reçu bien des grâces, Sœur Elisabeth la demanda à sa mère, afin que Celle qui avait veillé sur son entrée gardât aussi sa sortie. Désormais, elle ne la nomma plus que Janua cœli ".
La Mère qui l’avait accompagnée depuis sa jeunesse ne devait pas la quitter et va l’aider à accomplir son grand passage. Elisabeth se réfugie auprès d’elle dans ses grandes souffrances pour trouver secours et force. Combien il est émouvant de lire le témoignage d’une de ses soeurs : "N'ayant pas assez de force, elle la prenait par la tête et la traînait ainsi. Elle l'appelait Janua Coeli parce qu'elle devait lui ouvrir la Porte du Ciel !"
C’est ce que la Vierge fera au matin du 9 novembre 1906, pendant l’Angelus, comme Elisabeth l’avait dit elle-même :
« C’est Marie l’Immaculée qui m’a donné l’habit du Carmel et je lui demande de me revêtir de cette "robe de fin lin" dont l’épouse se pare pour se rendre au souper des noces de l’Agneau. »
Lettre 294, juillet 1906