Etre Epouse du Christ
Juillet 1902 : Elisabeth reçoit la visite de sa sœur Guite qui lui parle de son mariage tout proche avec Georges Chevignard. Elle communie à son bonheur rayonnant parce que son petit cœur est pris
. Elisabeth écrit alors à sa mère : "Ne crois-tu pas que lorsque le cœur est captivé par le Christ, il ne puisse alors se livrer jusqu’au bout ?"
Pendant l’automne, elle met par écrit une méditation sur ce que signifie pour elle s’engager bientôt définitivement au Carmel par la profession religieuse. Toute l’âme d’Elisabeth s’y reflète, son amour du Christ, sa générosité, son élan apostolique et par-dessus tout son désir ardent de tout partager avec Celui à qui elle se donne.
Si ce texte raisonne plus particulièrement pour une religieuse, il peut aussi être repris par tout chrétien, désireux de vivre pleinement la consécration de son baptême suivant sa vocation particulière.
« Epouse, tout ce que ce nom fait pressentir
d’amour donné et reçu ! d’intimité, de fidélité,
de dévouement absolu !
Etre épouse, c’est être livrée comme Lui s’est livré,
c'est être immolée comme Lui, par Lui, pour Lui...
C'est le Christ se faisant tout nôtre,
et nous devenant "toute sienne" !... »
« Etre épouse,
c’est avoir tous les droits sur son Cœur…
C’est un cœur à cœur pour toute une vie…
C’est vivre avec… toujours avec…
C’est se reposer de tout en Lui, et Lui permettre
de se reposer de tout en notre âme ! »
« C'est ne plus savoir qu'aimer ;
aimer en adorant, aimer en réparant,
aimer en priant, en demandant, en s'oubliant ;
aimer toujours sous toutes les formes !
Etre épouse, c’est avoir les yeux dans les siens,
la pensée hantée par Lui, le cœur tout pris,
tout envahi, comme hors de soi et passé en Lui,
l’âme pleine de son âme, pleine de sa prière,
tout l’être captivé et donné… »
« C’est, en le fixant toujours du regard,
surprendre le moindre signe et le moindre désir ;
c’est entrer en toutes ses joies,
partager toutes ses tristesses.
C’est être féconde, corédemptrice,
enfanter les âmes à la grâce,
multiplier les adoptés du Père,
les rachetés du Christ,
les cohéritiers de sa gloire. »
Le 11 janvier 1903, fête de l'Epiphanie, soeur Elisabeth de la Trinité s'engage pour toujours au Carmel et prononce ses voeux d'obéissance, de pauvreté et de chasteté : une grande paix l'envahit. Elle peut continuer à chanter son action de grâce pour cet "Océan d'amour en lequel elle se plonge, elle se perd".
« "Etre épouse", épouse du Carmel,
c'est avoir le coeur brûlé d'Elie,
le coeur transpercé de Thérèse,
sa "véritable épouse",
parce qu'elle zèle son honneur.
Enfin être prise pour épouse, épouse mystique,
c'est avoir ravi son Coeur
au point qu'oubliant toute distance,
le Verbe s'épanche dans l'âme comme au sein du Père
avec la même extase d'infini amour !
C'est le Père, le Verbe et l'Esprit envahissant l'âme,
la déifiant la consommant en l'Un par l'amour. »