Sous le blanc manteau de Marie
En la fête de l'Immaculée Conception
La postulante aimerait tant porter l'habit des carmélites... Son désir va se réaliser quelques mois après son entrée puisque la communauté accepte sa demande et la cérémonie est fixée au 8 décembre 1901. Cette date est chère à Elisabeth, à un double titre. En ce jour en effet l’Eglise fête solennellement la Conception immaculée de la Vierge Marie, mystère de pureté, qui attire spécialement Elisabeth comme le don à Dieu d'un coeur sans partage.
Le manteau blanc que les carmélites portent sur l’Habit au moment de l’Eucharistie et pour les Officies liturgiques les plus solennels est le symbole de cette pureté. Pour comble de joie, ce 8 décembre tombe un dimanche, qui lui rappelle toujours la grandeur et la proximité de la Trinité !
Elisabeth se prépare par quelques jours de retraite :
"Je vais me préparer au beau jour des fiançailles par une retraite de trois jours. Oh ! voyez-vous, quand j'y pense je ne me sens déjà plus sur la terre ! Priez beaucoup pour votre petite carmélite afin qu'elle soit toute livrée, toute donnée et qu'elle réjouisse le Cœur de son Maître. Je voudrais Lui donner dimanche quelque chose de si bien, car je l'aime tant mon Christ..."Lettre 99 au Chanoine Angles
Mère Germaine, sa Prieure et maîtresse des novices – et donc témoin privilégié de ce que pouvait vivre Elisabeth, se fera l’écho de ces moments en racontant dans les Souvenirs :
"Toute à l'action de grâce, sœur Elisabeth de, la Trinité s'en remit, pour sa préparation, à Celui-là même dont elle se savait tant aimée. Le divin Maître répondit à son attente, opérant en son âme des effets si puissants qu'elle semblait parfois défaillir. « Je ne puis plus porter ce poids de grâces », disait-elle… Ainsi sœur Elisabeth de la Trinité était-elle préparée par Dieu même à la transformation intérieure dont sa vêture n'était pour elle que le symbole."
Témoignage de Mère Germaine
Sous le signe de l'action de grâce
Comme c'était l'usage à l'époque, Elisabeth revêt d'abord une robe de mariée et retrouve famille et amis venus partager sa joie. Au bras de Monsieur d’Avout, très ému de tenir auprès d'elle le rôle de son père défunt, Elisabeth s’avance vers le chœur des carmélites et l'office commence. Son entourage est frappé par son regard, tout dirigé intérieurement vers Celui à qui elle se donne.
Après le chant des psaumes et l'entretien rituel, Monseigneur le Nordez, évêque de Dijon qui préside la cérémonie, bénit le manteau, le scapulaire, la ceinture et le grand voile qui ont été déposés sur un petit banc près de la grille. Elisabeth sort revêtir son nouvel habit et revient pour embrasser toutes ses soeurs.
Au soir de ce jour, Elisabeth retrouve les sœurs en rencontre communautaire. Laissant déborder sa joie elle leur chante, sur l’« Air du carillon du Carmel » des couplets qu'elle a composé, comme le voulait la tradition du Carmel pour chaque nouvelle novice :
"Enfin me voilà fiancée.
J'ai revêtu l'humble livrée.
Enveloppée du blanc manteau,
Partout je suivrai mon Agneau.
Lui et moi sommes si heureux
Et nous voilà partis tous deux
Jusques en la Maison du Père,
Séjour de paix et de lumière.
Qu'il fait bon en la Trinité,
Tout est clarté et charité.
O Christ, toi qui daignas me prendre
Tiens-moi, je ne veux plus descendre."