La musique, une prière
Une jeune virtuose
Dès l’âge de huit ans, Elisabeth entre au Conservatoire. La musique devient son univers quotidien. Le piano polarise le temps de l'étude. Elle ne saura jamais bien l'orthographe, mais son sens profond de l'écoute spirituelle et de la beauté doit certainement beaucoup à ces longues heures passées devant son clavier, en compagnie de Chopin, de Schumann, de Liszt, d’autres encore.
Elle n’a pas tout à fait neuf ans lorsqu’elle obtient au Conservatoire une mention Très Bien en solfège. A 13 ans elle reçoit le premier prix de piano, et l’année suivante, le grand Quotidien dijonnais « le Bien Public » la félicite : « Mademoiselle Catez, qui est à peine âgée de 14 ans, a joué la deuxième rapsodie de Liszt en véritable virtuose ! »
Recueillons quelques témoignages de ses amies :
"Un jour, elle joua au piano la ballade en sol mineur de Chopin. Ce soir-là, disait mon père, grand musicien, cette petite nous arracha des larmes. Élisabeth avait un jeu... ! Ses auteurs préférés étaient : Chopin, Liszt, Schumann."Françoise de Sourdon
Thérèse Renardet
"... Elisabeth dansait si bien ! C'était une jeune fille qui avait le rythme dans la tête, parce qu'elle était très musicienne... Très, très, très... Une artiste !"Marie-Louise Maurel
Anne-Marie d'Avout
Jouer pour Dieu
Elisabeth était bien là, mais elle demeurait avec « l’Ami de tous les instants », le Dieu tout Amour qui remplissait son cœur. La musique a été pour elle l’ouverture sur un nouveau mode d’expression, plus riche, plus nuancé, plus délicat et plus vibrant que la parole, et finalement sur un lieu de rencontre et de dialogue avec son Seigneur. La musique a enrichi, affiné, approfondi sa sensibilité la plus intérieure, son écoute la plus spirituelle. « Nul ne sait comme elle interpréter les grands maîtres, disait-on, car elle a de l'âme ».
On peut se demander pourquoi Elisabeth aimait entre tous Chopin, Liszt et Schumann. Sans doute parce qu’ils étaient au programme de ses concours, mais le Conservatoire n’ignorait pas Bach, Haendel ou Mozart, qu’elle avait sûrement l’occasion d’entendre, même si elle les a peu pratiqués. Mais entre ses 14 et ses 18 ans, la nostalgie poignante qu’elle éprouvait pour le Carmel trouvait sans doute dans ces grands romantiques une expression profondément accordée à ses propres sentiments. On peut deviner pourquoi elle jouait de manière tellement expressive les Ballades de Chopin où se mêlent la tendresse, la hâte, l’impatience, le rêve et la passion la plus irrésistible... Le piano se faisait confident, et jouer devenait une prière. Comme en témoigne son amie Alice Chervau : « Quand Elisabeth faisait de la musique, c’était pour elle une prière. Elle disait : Quand je ne peux plus prier, je joue, c’est pour le bon Dieu ».
Et non seulement c’est « pour lui » qu’elle joue, mais c’est Lui qui joue à travers elle. C’est ainsi qu’elle traduit sa propre expérience en écrivant à propos d'une enfant qui s'effrayait de prendre part à une séance musicale :