Faire le bonheur des autres
Grande affection
Par son entrain Elisabeth devient vite la meneuse de toute une bande d'amies. Celles-ci témoignent toutes de son caractère enthousiaste et joyeux, affectueux et généreux.
"Je me rappelle, à part quelques petits faits sans importance, qu'elle était toujours très bonne pour ma sœur et pour moi bien petites alors, nous donnant des conseils pour nos études de piano et s'intéressant à nos enfantines conversations. "Germaine de Gemeaux
Mais cela ne se fait pas tout seul, elle continue à lutter pour maîtriser sa sensibilité et ne pas se laisser emporter par une vivacité naturelle. Ce combat avec elle-même, Elisabeth n'en laisse rien paraître au dehors, se montrant aimable et attentive à chacun.
"J'eus une preuve tangible de sa maîtrise et de sa générosité un après-midi d'été, alors que nous prenions nos ébats avec une bande d' amies dans le jardin entourant la maison que madame Catez habitait, rue Prieur de la Côte d'Or. Une discussion s'était élevée au sujet du jeu a choisir. Un groupe voulait celui suggéré par Elisabeth, l'autre groupe voulait le mien. Le différent s’échauffait sans aboutir, quand tout à coup Elisabeth s'écria : Comme nous sommes sottes, le jeu de Louise (c'était moi) est bien plus amusant que le mien. Commençons par là ! Surprise, je la regardai et ses yeux étaient pleins de larmes, ce qui me fit réaliser son effort pour céder et amener ses adeptes à faire de même."Louise Recoing
Elisabeth eut une amitié toute particulière, une affection quasi maternelle, pour Françoise de Sourdon, plus jeune qu'elle de sept ans. Elle la surnommait "Framboise" et reconnaissait en elle un peu de sa nature vive et spontanée. Cette dernière est un témoin précieux :
"Comme elle nous amusait ! Elle avait un grand amour des enfants. C'était elle la meneuse de jeux. On faisait des tableaux vivants. Dans la garde-robe de ma mère, on prenait toutes sortes de choses pour se déguiser.En promenade on se disputait à qui lui donnerait le bras. On se suspendait à sa natte. On était en extase devant elle. On l’aimait beaucoup. On lui demandait de nous raconter des histoires..."
Confidences de Françoise de Sourdon
Une autre amie déclare encore :
"Nous nous sentions toutes attirées vers Elisabeth,par sa patience envers nous, sa bonté, sa gaité,
et par quelque chose de plus fort
qui nous la rendait supérieure à toutes."
Le regard intérieur
Souvent elle participe aux soirées dansantes dans les cercles des familles militaires et bourgeoises.
"Très vivante, douée d'un grand charme, sans aucune trace d'austérité, elle prenait part avec entrain aux distractions de notre âge."Elle y fait la connaissance de beaucoup de garçons mais, au milieu des conversations et des danses joyeuses, elle reste en éveil à cause de son coeur. Les plus pyschologues des jeunes gens se disent entre eux : "Celle-là n'est pas pour nous, voyez donc ce regard !" "Un regard tout lumineux, tout plein de l'au-delà" précise une amie.
"Pensez à moi dimanche soir, vous serez bien gentille. J'irai à ma soirée, mon corps y sera, mais c'est tout car, mon coeur, qui pourrait le distraire de Celui que j'aime et, voyez-vous, je crois qu'Il sera content de m'avoir là. Demandez-Lui qu'Il soit tellement en moi qu'on le sente en s'approchant de sa pauvre petite fiancée et qu'on pense à Lui !... "Lettre 54
Elisabeth se livre dans cette lettre à une amie qui aspire comme elle à rentrer au Carmel : toute captivée par Jésus, elle désire partager ce qui l'habite et la fait vivre en profondeur. Sans le vouloir, elle rayonne cette Présence qui lui donne cette qualité de relation aux autres : "Je ne l’ai jamais ouï dire du mal de personne, jamais non plus du bien à faux. Elle savait faire ressortir ce qu’il y a de bon en chacun. "