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Le Ciel dans la foi

Icône d'Elisabeth - Carmel de Harissa, Liban
Au début du mois d’août 1906, alors qu’elle est déjà minée par la maladie qui va l’emporter trois mois plus tard, Elisabeth écrit sur un petit carnet, à l’intention de sa sœur Guite, un recueil de méditations personnelles. C’est comme une dernière surprise qu’elle veut offrir à sa cadette, vis-à-vis de qui elle se sent la responsabilité d’une mère spirituelle. La destinataire recevra ce précieux cadeau deux mois après la mort d’Elisabeth, en janvier 1907.

 

Vingt « oraisons » pour partager son message spirituel

Pour donner forme à son écrit, Elisabeth s’inspire du déroulement des retraites personnelles qu’elle a elle-même vécues chaque année au Carmel : chacun des dix « jours » qui se succèdent comporte deux « oraisons ». Ce ne sont pas des compte-rendu de temps de prière vécus par Elisabeth, mais bien plutôt des méditations où elle couche sur le papier, pour sa sœur, les grandes lignes de force de son expérience spirituelle. L’horizon visé par Elisabeth est constitué par ce qui fut la passion de toute sa vie, comme elle l’indique dès la première « oraison » : vivre dès aujourd’hui, comme nous le ferons dans l’éternité, dans l’intimité du Père, avec le Christ.

 

Une véritable pédagogie de l’intimité avec Dieu…

Lettres et encrier d'ElisabethMais comment donner au Christ, s’interroge Elisabeth, la joie de « réaliser son rêve divin », exprimé dans la prière qu’il a lui-même adressée au Père lors de la dernière Cène (« Père, je veux que là où je suis, ceux que vous m’avez donnés y soient avec moi ») ? Il faut « vivre avec Lui » pour le laisser nous introduire toujours plus avant dans son mystère, dans cette vie trinitaire qui doit être « notre demeure, notre "chez nous", la maison paternelle d’où nous ne devons jamais sortir ». Il ne semble pas qu’Elisabeth ait à l’esprit un plan préétabli des thèmes qu’elle aborde tout au long de ce grand texte. Il n’empêche que, comme naturellement, elle laisse résonner, au fil de la plume, pour le communiquer à sa sœur, l’écho de sa propre expérience mystique : la présence de Dieu en nous, la solitude pour s’éveiller à cette présence, le désir de se laisser transformer par l’amour, la foi, la filiation divine dans le Christ… jusqu’au point d’orgue que constituent les deux « oraisons » du « dixième jour ». La première met devant nos yeux l’exemple de la Vierge Marie, « dont la vie fut si simple, si perdue en Dieu », toute livrée à l’action divine. La seconde est comme la charte des âmes appelées à devenir « Louanges de gloire de la Très Sainte Trinité ».

 

… offerte à toute personne

Ecritoire d'Elisabeth au CarmelVoilà bien la merveille que dévoile Le Ciel dans la foi : être « louange de gloire », cet appel très personnel qu’Elisabeth a reçu au sein de sa vocation de Carmélite, peut être partagé par d’autres personnes, quel que soit leur état de vie. N’est-ce pas pour cela, par exemple, qu’Elisabeth prend pour modèle des « âmes intérieures », « l’attitude de la Vierge durant les mois qui s’écoulèrent entre l’Annonciation et la Nativité » ? Guite saisira bien la force de cet exemple, puisqu’elle aussi, comme Marie, a porté un enfant ! Toute la délicatesse d’Elisabeth transparaît à travers ces pages pleines de tendresse, où elle exerce déjà sa mission d’« attirer les âmes dans le recueillement intérieur ».