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La Dernière retraite

Icône d'Elisabeth - Carmel de Harissa, Liban

Du 15 au 31 août 1906, dans sa cellule de l’infirmerie, Elisabeth vit un temps de retraite personnelle, comme elle en avait l’habitude chaque année. Mais son état de santé laisse présager sa fin prochaine. Alors, Mère Germaine, qui dès l’entrée d’Elisabeth au Carmel a su reconnaître la profondeur spirituelle de la jeune Carmélite, lui propose de consigner par écrit « les lumières de sa retraite ». Pour ce faire, Elisabeth remplit une centaine de pages d’un petit carnet qu’elle offre à sa Prieure le 24 septembre, jour anniversaire de la profession de cette dernière. Le petit carnet est enveloppé dans un humble papier d’emballage sur lequel Elisabeth a écrit : « La dernière retraite de Laudem Gloriae ».

 

Le « noviciat du Ciel »

La veille de son entrée en retraite, dans une lettre, Elisabeth confie que ce temps va constituer pour elle le « noviciat du Ciel », où elle va laisser le Seigneur opérer ce qu’il désire lui-même tant : « Toute son occupation est de me préparer à la vie éternelle ». Le carnet de notes conserve l’écho des méditations faites, où plutôt des lumières reçues, tout au long des seize « jours » de la retraite. A ce titre, la Dernière retraite constitue véritablement un texte autobiographie. C’est comme une autobiographie spirituelle livrée par Elisabeth au seuil de l’éternité. L’écriture, « lente et pénible », reflète le courage dans l’épuisement dont fait preuve la jeune malade.

 

Au comble de la souffrance…

Lettres et encrier d'ElisabethJustement, la dimension de la souffrance est présente dans la Dernière retraite. Par les témoignages et par ce qu’elle en dit elle-même explicitement dans ses lettres, nous connaissons l’ampleur des douleurs physiques qu’Elisabeth endure. Dans la Dernière retraite, elle évoque cela avec une grande pudeur, sans complaisance ni recherche de la souffrance pour la souffrance, mais en y reconnaissant un moyen concret de s’unir au Christ jusqu’au bout. Jésus nous a aimés pendant toute sa vie, il n’a pas commencé à le faire pendant sa Passion : là, il nous a aimés « jusqu’au bout », comme il l’avait fait à chaque instant de sa vie terrestre. De même, Elisabeth a désiré être unie au mystère du Christ, et elle garde au cœur ce même désir lorsqu’elle est confrontée à l’épreuve extrême de la souffrance physique.

 

… unie au « Crucifié par amour »

Ecritoire d'Elisabeth au CarmelLà est sans doute le cœur de l’enseignement que nous recevons d’Elisabeth lorsque nous découvrons ces « notes de retraite » : la transformation en Christ. Tel est en effet son désir jusqu’au bout, telle est la grâce qu’elle accueille à travers tout : être conformée au « Verbe incarné, le Crucifié par amour ». C’est ce mystère qui la fait participer à la Rédemption opérée par le Christ et qui l’introduit dans la vie trinitaire « pour y chanter dans les siècles sans fin "la louange de sa gloire" ». Oui, ce sont des « lumières » éblouissantes qu’Elisabeth nous partage dans cette Dernière retraite, puisqu’elles reflètent son expérience intime du mystère de notre foi : par l’union au Christ, bénéficiaires du salut qu’il a acquis pour toute personne, nous participons avec lui au salut du monde, et nous communions dès cette vie à la vie trinitaire.