Mère Germaine de Jésus
Une riche personnalité
Marie-Claire-Germaine de Saint-Seine naquit le 29 janvier 1870 à Dijon, troisième de huit enfants, dans une famille qui comptait sainte Jeanne de Chantal parmi ses ancêtres. Elle fut baptisée le lendemain dans l’église Saint-Michel, et c’est là, comme plus tard Elisabeth, qu’elle suivit le catéchisme préparatoire à sa première communion.
Brillante et pleine d’entrain, Germaine entendait dans son cœur l’appel du Carmel, mais son directeur voulait l’orienter vers les Dames du Sacré-Cœur ou la Visitation. Rien ne put la convaincre. Elle entra au Carmel le 14 octobre 1892, sous le priorat de Mère Marie du Cœur de Jésus, une « mère virile, énergique, entraînant les âmes sur la voie du renoncement et du sacrifice ». De santé délicate, très sensible, habituée à un climat de tendresse, sœur Marie-Germaine de Jésus souffrit de l’apparente froideur de sa prieure, tout en appréciant sa droiture et ses conseils. Elle prit l’habit le 6 avril 1893 et fit profession le 24 septembre 1894.
On lui confia très vite des offices exigeant dévouement et prudence. Portière, toujours calme et recueillie, Germaine manquait de sens pratique mais manifestait une bonté déjà maternelle auprès des sœurs tourières. Elle traversait pourtant une profonde nuit spirituelle et une grande solitude du cœur, la nouvelle prieure étant particulièrement sévère à son égard, l’humiliant en toutes occasions. C’est dans ce creuset que se forgea sa personnalité, humble et forte, ancrée dans la prière, rayonnant sagesse et simplicité.
Prieure et guide spirituel
La prieure et la sous-prieure étant parties pour la fondation de Paray-le-Monial avec sept autres sœurs, Germaine fut élue prieure le 9 octobre 1901, à 31 ans. Sa discrétion et sa profonde humanité firent merveille pour réorganiser la vie de communauté après tant de départs. Elle alliait affection, détachement et fermeté. C’est ainsi qu’elle sut former une postulante d’exception : Elisabeth de la Trinité. Cette dernière, avant sa mort, lui écrivit un dernier billet où les rôles sont inversés : devinant l’état d’âme de sa prieure, elle trouve des mots que mère Germaine dut souvent relire : "Laisse-toi aimer". « Aux heures où vous ne sentirez que l'écrasement, la lassitude, vous Lui plairez encore si vous êtes fidèle à croire qu'Il opère encore, qu'Il vous aime quand même, et plus même. »
Plus tard en effet, après avoir si bien guidé ses sœurs et travaillé à faire connaître le message d’Elisabeth à travers les Souvenirs, elle connut de grandes épreuves, en particulier l’opposition et le dénigrement de la part d’une prieure qui passa trois ans à Dijon (1920-1923) et divisa la communauté. Mère Germaine reprit ensuite la charge, sans amertume et sans critiques. Mais sa santé fléchissait et elle mourut subitement le 30 novembre 1934.