Le Journal
Comme bien des jeunes filles de son époque, Elisabeth a rédigé un journal ; cinq cahiers dont il ne reste que les trois derniers, l’auteur jugeant ses lignes sans doute trop personnelles les a brûlées. La partie qui nous est conservée commence le 30 janvier 1899 et s’achève au soir du samedi 27 janvier 1900.
Pourquoi écrire ?
Cet écrit n’est pas un Journal ordinaire, elle ne parle que de ce qui touche sa relation au Seigneur pour qu’il accomplisse son œuvre en elle, nous pouvons parler de Journal spirituel. Elisabeth se trouve dans une situation difficile : elle ne se sent pas comprise par son confesseur, il n’est pas possible de dialoguer avec sa mère sur la question vocationnelle et sa sœur est encore trop jeune. Nous pouvons donc évoquer trois raisons principales qui guident son écriture :
- Une raison psychologique qui la conduit à saisir par écrit tout ce qui se passe en elle,
- Un intérêt de formation par le résumé des sermons entendus, suivi de l’écho produit en elle,
- Enfin, un besoin de parler avec elle-même et avec Dieu.
Des enseignements reçus
Dans son Journal, Elisabeth évoque sa grande rencontre avec Thérèse d’Avila par la lecture du Chemin de perfection (J 13-15). Elle décrit également la mission dijonnaise qui se déroule du 5 mars au 2 avril 1899. Elle prend soin de résumer les enseignements et les sermons. Avec charité, elle note parfois : « Je n'ai pas le temps de parler du sermon, du reste ce soir il m'a moins intéressée » (J 59). Il était question des « preuves d’un enfer » ! Ces résumés sont précieux pour mieux comprendre la mentalité religieuse de cette époque et l’enseignement donné aux fidèles. Elle relate également la retraite donnée par le père Joseph Hoppenot du 23 janvier au 27 janvier 1900.
Un précieux contenu
Mais le plus important, ce sont les réactions d’Elisabeth à ces divers enseignements. Son Journal dévoile sous nos yeux le dialogue qu’elle nourrit avec le Christ Jésus, le combat qu’elle mène pour répondre à sa vocation et la manière dont elle entre peu à peu dans une volonté de Dieu qui échappe à la logique humaine. Nous la voyons vivre ses divers combats spirituels et chanter son amour du Christ. Dans son Journal nous la découvrons avec toute la palette de sa riche personnalité : « Vive, ardente, passionnée, […] volontaire, fougueuse » selon les mots du chanoine Angles. Mais aussi délicate, charitable, obéissante. Le chanoine Angles écrit encore : « Je renvoie à son Journal ; car elle a dû écrire un Journal. C’est là surtout qu’il doit faire bon la contempler, peinte par elle-même ». Contemplons, découvrons et surtout écoutons les divines harmonies de cette lyre qu’est l’âme d’Elisabeth.